Il était question d’élever un jeune lionceau
Le roi Lion réunit sa cour pour nommer
Le meilleur précepteur
Le tigre se lève : « Sire, les rois ne sont grands que par la guerre
Faites tomber votre choix sur le guerrier le plus terrible après vous »
L’ours est de cet avis, mais y ajoute l’expérience et la prudence
Le renard juge que la guerre est la suite de la politique
Laquelle exige une finesse extrême
Chacun ainsi s’indiquait lui-même
De semblables conseils sont communs à la cour
Vint le tour du chien : « Un bon roi fait la guerre
Mais il ne la fait qu’à regret
Son secret est qu’il aime son peuple »
La cour restant muette, le lion roi choisit le chien
Et lui conseille d’éviter les flatteurs
Pendant de longues années le chien
Reste seul avec le lionceau
Qui l’appelle père
Il lui montre la misère du peuple
Et partout le faible terrassé
« Le roi connait-il ces attentats ? »
« Comment le pourrait-il ?
Seuls les grands approchent du maître
Ceux qui ont été mangés ne parlent pas »
Le lionceau ignorait toujours qu’il fût lion
Un tigre les attaque
Le jeune lion hérisse ses crins rugit de fureur
Bat ses flancs de sa queue bondit
Ses griffes sanglantes dispersent bientôt les entrailles fumantes
« Vous êtes un lion, fils, vous êtes mon roi »
Le plus sage des rois lions est d’abord un guerrier