Un derviche un de ces pieux solitaires
Qui se détachent des choses d’ici-bas
Qui font voeu de renoncer à des biens qu’ils n’ont pas
Pour vivre de la générosité d’autrui
S’en allait mendiant et priant
Quand il vit chose extraordinaire
Un faucon nourrir une petite corneille gémissante
La tête encore à demi-nue
Dans son nid abandonné
Le derviche s’allonge par terre
Et attend en vain que le ciel lui rende le même service
Il baye aux corneilles
Il dîne en dormant
Le lendemain pas de déjeuner
Le faucon revient nourrir sa pupille
Et lui dit : « Allah nous recommande
Les faibles et les malheureux
Mais pas les paresseux
Je ne reviendrai pas »
Le derviche ému met le petit oiseau dans sa poche
Et marche vers un village
Pour y être valet de ferme
Nous ne recevons l’existence
Qu’afin de travailler
Pour nous et pour autrui