Un pacha turc s’en vint un jour porter
Un coffret cacheté à un sage derviche
« Ce coffret renferme un trésor
Je te charge de le donner
A l’homme le plus fou
De la terre »
Notre bon solitaire court le monde
Il rencontre des fous toujours plus fous
Un pressentiment secret
L’empêche de donner le coffret
Notre homme revient un matin
A Constantinople
Il trouve le peuple en joie
Un iman le renseigne :
« C’est le grand vizir que le sultan envoie
Rejoindre le prophète
Le peuple rit toujours de ces sortes d’affaires
Comme ce sont des misères
Notre empereur lui donne souvent ce plaisir »
« Le nouveau grand vizir
Est-il déjà nommé ? »
« Bien sûr Justement le voilà qui passe »
Le derviche traverse la place
Et reconnait le pacha son ami
« Bon ! Te voilà » dit celui-ci
« Et le coffret ? »
« Seigneur j’ai parcouru l’Asie
J’ai rencontré des fous parfaits
Sans oser choisir
Aujourd’hui ma course est finie
Daignez accepter le coffret
Grand vizir »