Une fauvette par sa voix
Espérait surpasser le rossignol lui-même
Elle lui fit défi
Un lieu propre au combat fut trouvé dans les bois
Une grande assemblée d’oiseaux s’y perche
Le merle donne le signal
La fauvette varie la touchante harmonie
De ses accents filés
Elle touche les coeurs par ses tendres chansons
L’assemblée applaudit puis fait silence
Le rossignol commence
Il prélude par trois accords purs égaux brillants
Sur une juste et parfaite cadence
Ensuite son gosier flexible parcourt sans efforts
Tous les tons de sa voix
Tantôt vif et pressé
Tantôt lent et sensible
Le rossignol étonne et ravit à la fois
Les juges cependant demeurent en balance
Les amis de la fauvette le linot le serin
Ne veulent pas donner le prix
Les autres disputent
Devant l’assemblée silencieuse
Soudain le geai s’écrie : « Victoire à la fauvette ! »
L’aréopage ailé aussitôt vote rossignol
Mieux vaut la critique d’un sot
Que son suffrage