Florian ( 78 )

Unis dès leurs jeunes ans
D’une amitié fraternelle
Un lapin et une sarcelle
Vivaient heureux et contents
Dans un parc bordé d’une rivière
L’un chez l’autre ils prenaient leurs repas
ils se répétaient qu’ils s’aimeraient toujours
Ce sujet revenait sans cesse dans leurs discours
Si l’un avait du mal l’autre le sentait
Si l’un était bien tous deux en jouissaient
Un jour le lapin se rend pour dîner chez son amie
Il ne la trouve pas
Il la cherche
Personne ne répond à ses cris douloureux
De frayeur tout saisi
Il va vient fait mille tours
Il cherche dans les roseaux
il s’incline par dessus les flots
il arrive près du château
Où se trouve une volière
L’amitié donne du courage
Parmi mille oiseaux divers
Il reconnait son amie
Sans perdre de temps à consoler sa soeur
De ses quatre pieds il creuse un souterrain
Il surgit dans la volière
Les oiseaux effrayés se pressent en fuyant
Il court à la sarcelle
Elle le suit
Il la conduit sous terre
Les deux amis n’ont plus rien à craindre
Mais le maître du jardin
En voyant les dégâts
Jure d’exterminer jusqu’au dernier lapin
« Mes fusils ! mes furets ! » hurle-t-il en colère
Gardes chiens et furets fouillent les terriers les broussailles
Tout lapin qui paraît trouve le trépas
La nuit vient
Le seigneur remet au lendemain la fin du carnage
Le lapin tapi dans les roseaux près de la sarcelle
Attend en tremblant la mort
L’oiselle dit : « Ah ! si tu pouvais passer l’eau !
Pourquoi pas ? Attend moi »
La sarcelle revient traînant un vieux nid
Laissé par des canards
Elle l’emplit de feuilles de roseaux
Les presse les unit
Comme si c’était pour son nid
Elle forme ainsi un bâtelet
Auquel elle attache un brin de jonc
Qui servira de cable
Le lapin entre tout doucement
Dans le léger esquif
S’assied sur son derrière
La sarcelle nage tire le brin de jonc
Dirige la petite nef
Jusqu’à l’autre rive
On aborde on débarque
Jugez de la joie !
Désormais nos amis
Aiment la vie d’autant plus
Qu’ils se la doivent tous les deux