Médor le chien modèle
Si redouté des loups
A mangé un agneau puis la mère
Et enfin s’est jeté sur le berger
Il fut traduit en justice
Puis conduit au supplice
Personne ne le soutenait
Les chiens étaient là
Tristes humiliés mornes l’oreille basse
Médor parle :
« O vous que je ne peux plus appeler
Mes frères mes amis
Voyez où peut conduire
Un coupable désir
J’ai pendant dix ans suivi la carrière
De la vertu
Un faux pas m’en a fait sortir
Au lever de l’aurore
Je gardais seul le troupeau
Un loup sort du bois
Emporte un agneau
Je cours j’atteins le loup
Qui m’attaque Je le terrasse
Je l’étrangle sur place
Epuisé je m’écroule
Je suis tenaillé par la faim
J’aperçois l’agneau à demi dévoré
J’hésite je balance…
J’y porte une coupable dent
La brebis survient
Et pousse des cris de mère
La tête me tourne
Je crains qu’elle ne m’accuse
D’avoir assassiné son fils
Je l’égorge dans ma peur et ma colère
Le berger accourait armé de son bâton
N’espérant plus de pardon
Je me jette sur lui
Vous connaissez la suite et me voici
Prêt pour le châtiment suprême
Avant de mourir je voudrais vous dire
Qu’une légère injustice
Peut conduire aux forfaits les plus grands
Sur le chemin du vice
On tombe au fond du précipice
Dès qu’on met un pied sur son bord »