Guillaume de Saluste, seigneur du Bartas, est lui-aussi du XVI° siècle :
Il n’y avait rien
Puis créant d’abord le temps
A surgi une forme sans forme
Qu’on ne peut pas décrire
Pile confuse ? Mélange difforme ?
Abîme d’abîme ? Chaos de chaos ?
Où les éléments se logeaient pêle-mêle
Le liquide et le sec Le froid et le chaud
Le bas et le haut Le dur et le mou
Et même l’amer avec le doux
Tout était sans beauté sans règle sans flamme
Le feu n’était pas feu L’air n’était pas air
Terre et mer ne formaient qu’un
Même dans mon style bas
Je ne peux chanter le ciel et la terre
Tels qu’ils étaient mais tels qu’ils n’étaient pas
Puis la nuit se sépara du jour
O douce nuit sans qui la terre ne serait qu’un enfer
Nuit qui te masques pour protéger l’innocence et le crime
Nuit qui rends égaux le riche et le pauvre
Qui couvres tout de ton obscur manteau
Qui de tes humides ailes embrasses l’univers
Seuls les poètes s’envolant
Plus haut que les cieux au delà de toi nuit
D’un docte vol conduisent
Sur l’aile de leurs vers les humains qui les lisent