Marc-Antoine Muret, là encore traduit du latin, eut Montaigne pour élève :
Sais-tu quel est mon voeu le plus cher ?
Je ne veux pas de palais ni de lingots d’or
Je souhaite avec toi mener une longue vie
Et toujours jouir de ton amour
Lorsque de courir tous deux nous serons las
Nous reposerons dans l’herbe nos membres fatigués
Pour un nouveau combat de langues et de lèvres
Que n’égaleraient pas les colombes elles-mêmes
Au milieu des bois des ruisseaux doucement murmurants
Quand seront venues les atteintes de l’âge
Qui auront répandu sur nos chefs leur neige
A un moment les fils de ma vie se rompront
Tu mettras dans un petit tombeau mes menus ossements
Quand la mort t’aura prise toi-même
Tu voudras reposer dans la même tombe
Si petite soit-elle
Sur la pierre seront inscrits ces mots :
« Passant ils n’eurent qu’un seul coeur une seule âme
Les deux êtres dont une unique pierre
Recouvre aujourd’hui les os »