Goya

Après la manière sombre de Vélazquez et d’autres peintres du XVII° siècle espagnol comme Ribeira et Murillo, le sombre du sombre est atteint par Goya après 1800. Après les pastorales de sa jeunesse Goya a toujours été réaliste, ne nous épargnant pas par exemple la laideur de la reine d’Espagne, mais dans sa grande maturité le peintre sourd atteint l’horreur, une horreur déjà moderne où la mythologie n’est qu’un prétexte pour une tragédie morale. Dans le tableau que nous avons sous les yeux, le »dos de mayo », il s’agit de tout autre chose, il s’agit des « horreurs de la guerre » que Goya mettra également en gravures. Une tradition officielle veut qu’il s’agisse d’une peinture patriotique contre l’invasion française, des troupes napoléoniennes qui a traumatisé le peuple espagnol. Selon moi il s’agit surtout d’un humanisme horrifié par le mal que l’homme fait à l’homme. Rappelons que Goya après le retour de la monarchie des Bourbons et de la paix a été obligé de s’exiler en France, ce qui nous a valu ce chef d’oeuvre de tendre sérénité qu’est « la laitière de Bordeaux ».