Bosch

L’Homme est un animal symbolique. Pas religieux, non, contrairement à ce que prétendait Mircea Eliade. La religion n’est du reste souvent qu’un rite social. L’Homme se passe aisément de religion. Mais pas de symboles. Sans même y faire attention, il s’entoure de symboles, petits et grands. La superstition s’en mêle, faite de mémoire et d’habitudes face à un monde compliqué.
Le symbolique est volontiers magique. Il manipule le monde ou se laisse manipuler. Sous les grands monothéismes, quintessence du religieux, survit et parfois remonte l’esprit magique des origines. Jérôme (Hiéronymus) Bosch, qui vécut à la charnière du XV° et du XVI° siècle, est à la jonction de plusieurs Renaissances. Entre Renaissance flamande et mystique rhénane, il témoigne d’une remontée de l’esprit magique si souvent refoulé. Un autre exemple est l’effort à l’époque de certains chrétiens pour comprendre et adapter la merveilleuse Kabbale juive sous le nom de Cabale.
Bosch nous promène dans un jardin des merveilles où tout le monde est fou comme nous tous. Le sourire du chat du Cheshire ne manque même pas. Il se promène dans la qualité exceptionnelle de la peinture.

Tout cela n’est possible que si l’esprit dogmatique ne s’en mêle pas. Contrairement à ce que prétendait le vieux Thalès, tout n’est pas plein de dieux, mais tout est plein de symboles.
L’animal dogmatique en l’Homme nie l’animal symbolique que cependant il n’hésite pas à utiliser à foison.