Dans mon souvenir j’avais dix-sept ans quand l’évidence me tomba dessus : Nous sommes totalement non-responsables, nous sommes totalement responsables.
Je ne me suis jamais séparé de cette aporie fondatrice. Elle m’obsède toujours.
Certes beaucoup se sont approchés de cette formule. Par exemple Sartre quand il disait victimes et coupables comme tout le monde.
Tout le monde est hanté par des oppositions comme celles de l’ombre et de la lumière, du jour et de la nuit, du bien et du mal.
Mon aporie subsiste toujours fondamentale. Mais elle est si intenable, si volcanique que je l’exprime rarement.
Nous n’avons pas choisi de vivre, le monde entier pèse sur nous comme une fatalité. C’est ce que disait ma mère qui avait quelque raison de parler de destin.
Mais nous choisissons de vivre, de continuer à vivre, éventuellement de survivre. Ce monde qui nous écrase, nous en faisons un terrain de jeux, un champ de bataille, l’objet de notre travail…
Une liberté sans doute paradoxale apparait : nous somme libres, nous disposons d’une liberté minimale, nous donnons sens au monde, à tout ce qui nous entoure… Je rejoins ici Pascal…
Nous sommes libres seuls, nous sommes libres à plusieurs, l’humanité est libre ? ! ? ! Dans le même temps elle est esclave de ses habitudes, de ses préjugés…
Je choisis la liberté.
L’humanité ne peut être libre que si elle se sait libre.
Notre responsabilité est notre liberté même.