Le deuxième poème de jeunesse ( et d’amour ) que nous publions a été inspiré dans sa forme par André Breton. Son titre est « Ma femme » :
Ma femme aux renoncules amères
Aux lèvres de jaspe et de jasmin
Aux fièvres d’apothéose
Aux joues de carmin adouci par l’aube
Ma femme aux joies qui sautillent
Comme des oiseaux qui rentrent de classe
Aux lèvres closes et comme moroses
Sur des peines vespérales
Ma femme que j’adoucis ma main sur son front
En attendant qu’aux écoutilles
Montent les moussaillons
Qui lèveront les voiles qui délivrent
Vers les ciels bleus des grandes passions
Ma femme aux glaïeuls vainqueurs
Aux panthères faites comme des femmes
Qui répandent au loin un feulement chanteur
Afin que la vie répande ses semailles d’azur et d’horizon
Ma femme aux soucis détestables
Aux insouciances de paradisier
Dans la forêt des insatiables
Où traine trop désirée
La robe blanche des lilas impalpables
Ma femme au corail aux pervenches
Aux horloges toujours méthodiques
D’un temps synonyme de plaisir
Et de passion maîtresse
Ma femme aux ennuis
En caravane lente vers l’oubli
Ma femme des algues des églantiers
Aux soupirs à l’eau laissés
Comme frêles bateaux ivres
Ma femme marronnier
Ma femme nuage
Ma femme rayon lunaire
Et délicat sur une prunelle
Verte
Ma femme parapluie
Ma femme canal
Ma femme nénuphar
Ma femme rose
Ma femme aux pensées généreuses
Qui l’élargissent comme une plaine
A l’horizon des malheureux
Qui marchent douleur et joie vers elle
Ma femme je salue en toi
Le pilote du bateau
Qui sait de sa tête légère
Prendre un courant vert et calme
Et le suivre vers les étoiles levantes
Douceur et force te sont dues
Ma femme mon amie ma soeur