Le fabuliste inconnu ( 14 )

Le coq disait à qui voulait l’entendre : « Moi, je ne suis plus gaulois ah ah ! je suis français eh eh ! »
L’aigle qui passait susurra : « Je suis tellement fort qu’on m’a donné deux têtes »
La colombe murmura : « Je m’en vais, mais allez en paix »
La sphynge, repliant ses ailes puissantes, s’interposa :  » Vous n’aurez ni la gloire, ni le génie qui y conduit si vous n’avez pas bonne réputation »
Le coq affirma : « Moi, ma réputation va de soi ah ah ! Elle est excellente eh eh ! »
L’aigle, qui repassait par là, le reprit : « Tu parles Tu passes ton temps à gratter la terre à la recherche de cailloux »
La colombe au loin roucoula : « Personne ne fait attention à moi »
La sphynge, de plus en plus sculpturale, déclara : « La modestie est le début de la bonne réputation »
Le blaireau, trainant son ventre, leva la tête : « Tous des têtes de linottes ! Même la sphynge avec son corps de serpent, sa tête de femme et ses discours faussement sibyllins. Mais il est vrai que nous les terriens nous ne valons rien ou presque. Les oiseaux au moins font l’effort de s’élever dans l’air. Sauf le coq bien sûr ». Il rentra dans son trou.