Le fabuliste inconnu ( 18 )

L’abeille disait au papillon : « N’en as-tu pas assez de mener cette pauvre vie errante et si brève ? Tandis que moi, zélée et gaie, au milieu de milliers de compagnes, je vole de fleur en fleur pour fabriquer plus tard, à l’abri dans notre ruche, miel et cire « .
Le papillon répondit : « Moi aussi je vole de fleur en fleur, j’adore leur nectar, je suis moi-même une fleur volante. Regarde-moi, je suis une émeraude vivante »
L’abeille reprit : « Cela ne te fait rien de ne servir à rien ? »
Le papillon : « Tu te trompes, ma jolie. Le pollen que je transporte alentour féconde les belles plantes que tu admires ».
L’abeille : « Moi aussi je fais ce boulot ».
Le papillon : « Que veux-tu ? Je préfère vivre seul que travailler au milieu de mes congénères. Je suis un artiste ou un artisan, je ne suis pas une ouvrière. Je le voudrais que je ne le pourrais pas. »