Les fables de Fabre 47

Une lionne perdit son lionceau
Elle ameuta la savane par ses cris de douleur :
« je n’aurai pas de vieillesse heureuse… »
Entre deux hurlements elle prit le temps
D’attraper une biche
Celle-ci lui murmura :
« N’as-tu pas honte de rugir ainsi
Te crois-tu seule au monde ?
Ce que tu subis tous dans la jungle
Nous y passons aussi
Rien que moi tu m’as tué deux faons
Et maintenant tu me tiens »
La lionne fut si surprise
Qu’elle laissa s’échapper la biche
Cette lionne était très humaine
Beaucoup de nos plaintes
Ont un côté frivole