Les fables de Fabre 110

Un souriceau très jeune
Qui n’avait rien vu
Se hasarda pour la première fois
Loin de chez lui
C’est-à-dire à deux pas
Deux animaux l’arrêtèrent
L’un était doux et bénin
L’autre turbulent
Et plein d’inquiétude
La voix perçante et rude
Sur la tête un morceau de chair rouge
La queue en panache étalée
Se battant les flancs avec ses bras
Il empêcha le petit rat
De s’approcher de l’animal velouté
Tigré longue queue
D’humble contenance
Le regard modeste l’oeil luisant
Le coq marchant au souriceau courageux
Lui fit une telle peur
Qu’il s’enfuit vers sa mère
Il raconta son histoire
Elle lui dit gentiment :
« Le doux animal que tu décris
Est un chat l’ennemi héréditaire des souris et des rats
Ne juge jamais les gens sur leur mine »