Le fabuliste méconnu ( 63 )

Un chêne vieux comme la France
Toujours jeune
Battu mille fois des vents
Atteint parfois par l’éclair
Abritait un jardin merveilleux
Le lierre l’embrassait mollement
La vigne festoyait à côté
D’autres arbustes retombaient en festons
Remontaient en spirale
Des touffes diaprées des guirlandes de pampre
Rivalisaient sous l’immense baldaquin
Que dire des oiseaux piaillant
Dans l’aérien dédale !
Les arbustes se jalousaient entre eux
La vigne réclamait au lierre davantage de soleil
Le lierre s’indignait que l’on s’accroche à lui
Le chêne s’interposa : « Que devrais-je dire moi
Qui sers à tous de soutien et d’appui ?
Chacun a droit à la lumière et l’espace
Le jardinier veille à ce droit
Tout voisin est fâcheux
Pensez-vous que vous ne m’importunez pas ?
Le pire est de ne pas avoir de voisin
Supportons-nous une bonne fois
Les uns les autres »