Le fabuliste méconnu ( 67 )

Un pommier vaniteux
Croulait sous ses pommes
Il en était ridiculement fier
Elles se plaignaient :
« Nous tomberons avant d’être mures
Nous deviendrons le rebut des vers et des pourceaux
Flétries avant terme
Sans sève sans germe
Sans pépins
Nous ne donnerons jamais naissance à un arbre nouveau »
L’arbre se riait de ces plaintes répétées
Un coup de vent hélas leur donna raison
Sous leur fardeau trop lourd
Les branches éclatèrent
L’arbre effeuillé déchiré
Ne fut en un moment qu’un tronc défiguré
Ses pommes flétries par le vent et le soleil
Furent le jouet de l’hiver
Cet arbre à sa manière était un potentat