Le fabuliste méconnu ( 88 )

Sur un fleuve au débit rapide
Des oies s’ébattaient
Par une décision unanime
Cependant surprenante
Elles décidèrent d’en refouler le cours
Unies l’une à l’autre sur une seule ligne
Elles firent face comme une digue vivante
Sur leur poitrail battu par la vague écumante
S’accumulaient les chaumes les branches les troncs
Les débris des forêts et des champs
Qu’entraînait l’eau bouillonnante
Nos oiseaux triomphants font sonner
Au sommet de leur long cou
Leurs trompettes bruyantes
Cependant l’onde entre leurs corps passe
Leur bacchanale n’a troublé que la surface
Il faut bientôt que la digue se défasse

Il est vain d’opposer au temps une digue
Vivante ou inerte