Une oie enflammée par la rumeur publique
Décida de vendre une à une ses plumes
Ses démarches d’abord furent vaines
Ni vraies ni raisonnables ni élégantes
Enfin une dame les trouva nouvelles
Sur l’autel de la vogue beaucoup se sacrifient
L’oie rencontra fantaisie extravagance bizarrerie
La curiosité qui partout fourre son nez
Le manque de goût qui devient faute de goût
L’impolitesse qui montre ses fesses
J’en passe et des moins mûres
L’oie n’eut plus qu’une plume à vendre
Elle se rendit compte qu’elle ne pouvait plus voler
L’hiver arriva elle eut froid
Personne ne lui proposa de la réchauffer
Nulle occasion de convoler
Elle légua sa dernière plume à l’esprit
Qui cherche la vérité
Cette plume blanche et aiguisée
Servit à Voltaire pour écrire l’un de ses contes
Racontant l’histoire d’une oie
Qui vendit ses plumes
Conte aujourd’hui perdu