Le fabuliste méconnu ( 128 )

Un jeune homme au pied leste à la tête légère
Bouillonnante impatiente de tout
Gravissait une pente assez rude
Aux côtés d’un noble vieillard
Le jeune n’hésitait pas à gourmander le vieux :
« Pas de mollesse ! Allons !
A ce train j’aurai perdu ma jeunesse
Quand nous arriverons au sommet »
Le vieillard marche du même pas
Sur le plateau ils cheminent
La crête d’un mont s’abaisse devant eux
Dans le lointain nébuleux
On entrevoit un gouffre liquide
Qui semble mettre fin au chemin
Le jeune montre moins d’impatience
Il finit pas dire : « Pourquoi tant de hâte ?
Savons-nous au moins ce que nous allons trouver ? »
Le vieillard peu loquace
Daigne enfin lui parler :
« Ne vois-tu pas que ce chemin
Est celui de la vie ?
Jeune encore tu me pressais
Déjà âgé tu me ralentis »