Le fabuliste méconnu ( 148 et dernier )

Un sansonnet plus averti plus avisé que d’autres
Signalait à sa peuplade ailée
Le vol silencieux d’un épervier
Il lui était répondu :  » Il est trop loin
Il est inoffensif »
L’épervier fit une petite curée
Notre ami vengé du dédain
Partit sans prendre congé
Il se plaignit seul du sort
Des prophètes de malheur
Il rencontra un vol d’alouettes
La joyeuse tribu l’accueillit avec plaisir
Les regards furent éblouis
Par un miroir tournoyant
Le sansonnet s’écria :
« N’allez pas par là !
Vous allez tomber dans un filet »
« Un miroir un piège ? Allons-donc ! »
Une moitié resta aux mains de l’oiseleur
Le sansonnet blâma la sottise l’incrédulité
Des étourdis qui ne croient aux tempêtes
Que lorsque la foudre est tombée sur leur tête
Il croise des perdrix il les suit perplexe
La petite troupe arrive dans un champ de blé
L’oiseleur y a caché des collets
Le sansonnet s’en aperçoit à temps
Comme c’est l’usage il n’est pas écouté
Notre prophète sent fléchir son courage
Il croit même perdre la raison
Il ne sait plus quoi faire
Et vous que feriez-vous
Si vous étiez à la place du sansonnet ?