De façon générale je préfère une grande liberté de mouvement. Ainsi dans mes poèmes, dans les fables que j’ai translatées, je ne respecte pas les règles traditionnelles de la versification, la régularité des vers, des rimes… Je suis fâché avec l’alexandrin. Je me sens proche de « l’art poétique » de Verlaine…
Le haïku, c’est tout le contraire. La rigidité de la forme devient extrême : dix-sept pieds, trois vers, 5+7+5… Pourquoi ne pas choisir d’écrire des tercets, voire des sonnets ? Imiter en quelque sorte Nostradamus ? Pourquoi courir le risque d’importer un genre complètement japonais, totalement étranger ? Le haïku en français, n’est-ce pas le comble de l’artifice ?
Pourquoi pas ? L’artifice est humain, cet être artificiel ( Hobbes ). La contrainte de la brièveté organisée du Haïku oblige à une grande concentration d’effets même quand le sujet est apparemment léger. Cette discipline peut être salutaire.
Je suis persuadé que les plus grandes pensées peuvent se résumer en quelques mots. Un exemple : « Marx, c’est la lutte des classes ». Le haïku invite de façon spectaculaire à l’extrême de l’esprit de synthèse.
A force d’inspiration et de travail, le haïku est créatif, le plus souvent loin de son principal représentant, le Japonais Basho du XVII° siècle. Cette créativité prend des formes très diverses, empirique, humoristique, théorique… La contorsion de l’esprit a parfois du bon.
J’ajouterai que le haïku m’occupe bien…