Petite histoire raisonnée de la philosophie grecque

Petite histoire raisonnée et personnelle :
1) Au début pour moi était Héraclite. Aux trois éléments primordiaux, la terre, le ciel , l’eau, il a ajouté le feu, perpétuellement en mouvement. De façon pour moi plus profonde il voyait dans le temps, la durée le principe premier de toute chose. Là où les philosophes d’habitude cherchent dans le monde et dans la pensée un principe fixe, celui d’Héraclite est un mouvement perpétuel qui selon moi relativise toute chose y compris l’univers lui-même et la pensée d’Héraclite elle-même.
2) Ensuite vint Empédocle. Le mouvement, le temps suscitent par eux-mêmes des contradictions, des oppositions. Les plus simples sont du genre: haut/bas, intérieur/extérieur… La plus profonde, créatrice de tout ce qui existe, oppose union/division, autrement dit concorde/discorde, amour/haine…
3) Socrate et Platon ont mis de l’ordre dans le désordre suscité par le mouvement impétueux de la pensée grecque. Après Socrate le maître, l’initiateur, Platon ne voit de solution que dans l’élévation du monde des idées, transcendant par rapport à notre réalité « mondaine », « sublunaire ». A la tête de ce monde idéel et idéal sont le beau, le bien, le juste.
4) Aristote détourna la philosophie de cette élévation riche en « apories » pour la tourner vers l’étude logique des processus immanents, terrestres, naturels et sociaux.
5) Loin de résoudre le problème philosophique, l’opposition entre Platon, regardant vers le ciel des idées, et Aristote, considérant le socle des concepts, en suscitait un autre, accentué par la crise de la Cité grecque, politique et morale : au delà de la logique, la morale. Le stoïcisme répondit par un ordre moral, fondé sur le culte de la loi cosmique et humaine, un ordre rigoriste, la discipline intériorisée, la maîtrise de soi.
6) Epicure répondit pas la quête du plaisir simple, naturel, nécessaire. Cet ordre personnel impose autant de discipline que son rival stoïcien. A l’ordre moral, législatif, social, holistique du Stoïcisme s’oppose l’ordre naturel, sensible, voire sensitif, individualiste, atomistique de l’Epicurisme… S’il regarde en arrière, le stoïcisme est épris de l’unité cosmique, du « grand animal ». L’épicurisme lui est atomistique, d’où donc son individualisme.
7) Devant tant de propositions divergentes, le scepticisme répondit par le dédain, la dénégation, passant du doute absolu, négateur en théorie de toute réalité, jusqu’au doute agréable, éclectique, sociable comme celui de Carnéade, en quelque sorte scientifique avec Sextus Empiricus.
Le christianisme entreprit de réduire cette diversité, mais buta sur Aristote et Platon. L’islam, à la suite du néo-platonisme, entreprit de les unifier. Le catholicisme de Thomas d’Aquin se fondait sur Aristote. Dés le XV° siècle « Renaissant », Pic de la MIrandole réhabilitait Platon. Au début du XVII° siècle Gassendi retrouvait Epicure. Il y a des accents platoniciens chez Descartes… La philosophie moderne était lancée en partie sur des bases antiques.

N.B.: Je présente mes excuses aux nombreux oubliés de cette petite histoire, par exemple Démocrite, l’inventeur de l’atomisme qu’a retrouvé Epicure, Parménide, le fixiste de l’Être, Protagoras, le défenseur de la démocratie, Diogène, le refus de la culture, etc…