Le passé n’est pas une fatalité. Pourtant il apparait tel. Il apparait destin inexorable parce qu’on ne peut pas le changer.
Il convient de se souvenir que le passé aurait pu être autre. De même notre présent incertain conduit à un avenir plus incertain encore. Nous ne maîtrisons même pas le futur le plus proche.
Cependant, si nous essayons de changer le passé, à la manière de Grousset, nous rencontrons de robustes résistances. Le déterminisme ne se laisse pas faire facilement.
Un exemple : contrairement à Grousset, il est difficile de penser que la démocratie athénienne du temps de Périclès pouvait s’empêcher d’être impérialiste et ainsi creuser dans le même temps son triomphe et sa chute.
Par contre est-il impossible d’imaginer qu’il s’en est fallu de peu pour que les cités grecques s’unissent le minimum nécessaire pour contrecarrer les ambitions du roi de Macédoine, Philippe ?
Le passé a la vie dure et le devoir des historiens est de le reconstituer dans son intégralité présumée. Il n’est pas de chercher des alternatives éventuelles.
Les choses s’améliorent quelque peu quand on ne sait pas trop ce qui s »est passé. Par exemple pour les Indo-européens, au coeur de l’Eurasie, à la fin du III° millénaire avant le Christ ?
Prenons un exemple plus récent : si Louis XVI avait été plus intelligent, plus informé, en particulier sur l’Angleterre, peut-être aurait-il choisi, après le succès de la fête de la fraternité, le 14 juillet 1790, la voie constitutionnelle ? Mais avec des si on mettrait Paris dans une bouteille !
Le passé obéit à des lois, certes difficiles à déceler. Il n’y a pas de hasard pur. La solution la plus fréquente pour l’histoire des historiens : mettre en valeur des aspects sous-estimés de l’Histoire. Par exemple, naguère, la vie des paysans en France au XVII° siècle … Plus proche de nous : l’histoire des femmes, illustrée en France par Michelle Perrot.
Une autre : mettre à jour des structures. Rappelons que l’apport des différentes sciences peut être utile et même déterminant. Exemples : l’examen des cadavres, l’évolution du climat, les structures de l’imaginaire…
L’historien doit vérifier et vérifier encore, d’abord ses sources, ensuite son langage, enfin ses raisonnements.