E.P.O.9

J’ai beaucoup de défauts
Et quelques qualités
Je ne suis pas négatif
Je ne veux pas l’être
La paresse est ma tare
J’ai de plus dessus le coeur
Une première plaque de marbre
Pour me protéger des angoisses du monde
Je le jure j’ai en moi un palais
Au milieu des domaines de la Pensée
A son faîte dans le très très vieux temps
Ondulaient de brillants oriflammes
Dans le grand vestibule dansaient les esprits
Au son de la lyre et du luth
Sur des airs anciens maniérés et guindés
Le trône restait vide
Les esprits ne furent plus que des échos
Chassés par la brise du château
Nulle aube ne s’est levée
Sur les robes de beauté
N’a empourpré les frontons du triste palais
Une foule pitoyable s’est amassée dans la cour d’honneur
Pour entrer et ruiner
Ce fleuve lugubre n’est pas le mien
Je ne suis pas un désastre
Comme la foule qui rit ne sourit pas
Je n’ai jamais habité le palais de la pensée
Il se dresse inutile au fond de moi
Ma femme et moi sommes
Une chaumière au coin des bois
On y pense aussi bien qu’ailleurs
Du moins je le pense