A.B.I. V

Dans le numéro 12 d’avril 1969 de la revue L’Homme et la Société paraissait mon deuxième article sur « Propositions pour une classification nouvelle des sociétés humaines ».
Cet article est décevant dans le mesure où il est presque aussi illisible pour moi aujourd’hui que l’introduction, presque aussi fouillis.
Je ne vais pas le résumer mais dégager quelques idées-forces. Ma première idée est de mette en valeur le concept de para-asiatisme qui désigne des sociétés qui ont imité un « asiatisme » de façon artificielle, vouée à l’échec.
J’ai déjà évoqué le cas du Japon qui a imité la Chine bien avant d’imiter l’Occident. Sa voie était le féodalisme avant le capitalisme. La réussite du Japon est spectaculaire.
Un autre cas de para-asiatisme serait la Grèce mycénienne qui a imité la Crète et l’ensemble du Proche-Orient. Dès l’an mil avant l’ère chrétienne cette tentative avait complètement échoué, avait été éradiquée. La Grèce devait évoluer vers la Cité-Etat, voulue pas des citoyens, à distinguer formellement de l’Etat-Cité créé par un Etat.
L’immensité des sociétés de type asiatique est impressionnante. Dans beaucoup l’Etat se contente de prélever l’impôt au profit de sa classe-Etat. Par contre dans le cas sans doute le plus pur de mode de production asiatique ( M.P.A. ), l’Egypte dépendait à ce point de l’irrigation à partir du Nil que je l’ai appelée un Etat-fleuve. A noter que ce mode de production créé sous les pharaons, dont le règne a duré trois fois plus longtemps que la France, s’est maintenu pendant la période musulmane.
Au passage disons que beaucoup de classes-Etat n’ont pas été savantes, se sont réduites à une sorte quelconque de féodalité. Les féodalités sont nombreuses, les féodalisme sont rares.
Je mettais en valeur, sous l’influence d’Emile Durkheim et de Max Weber, la distinction entre des sociétés « mécanique-charismatiques », « mécanique » signifiant indifférencié, « charismatique » signifiant un type de pouvoir peu organisé, personnalisé, et des sociétés « organiques-buraucratiques ». L’Inde fragmentée serait du premier genre, la Chine serait du second.
L’importance historique de la Chine, après mes élans maoïstes des années soixante, me fascine à nouveau juste après ma « translation » du Tao tö-king. Je persiste à penser que la Chine historique est un M.P.A. , mais c’est sa complexité qui m’émeut…
J’abordais enfin la séquence pré-capitalise, esclavagisme-féodalisme…, laquelle s’accompagne de cette fameuse idéologie idéaliste-virtuelle : « l’idéalisme », sous des formes diverses, avec peu de contacts avec la profondeur sociale, particulièrement l’affrontement des classes sociales…