La principale difficulté dans l’étude des classiques chinois est que leur langue n’est pas construite comme la nôtre. On attribue à Confucius, cité en dehors du texte que vous avons translaté, la supériorité du principe passif, du Yin. On pourrait dire du principe patient, mais aussi du féminin, ou encore de l’intériorisation. Nous ne pensons pas par monosyllabes.
Au début est le Tao. Nous pouvons renvoyer à notre translation du « Tao tö-king », du « Livre de la Voie et de la Vertu ». Le Tao est tout, tout ce qui nous arrive sous le Ciel, à la fois nature et culture, réel et réalité, structures et conjonctures… Les rites sont nécessaires pour célébrer le Tao.
J’oubliais, le Tao, la Voie est Histoire. C’est en son sein que sont apparus d’abord la culture paysanne, puis les « gouvernants » qui deviendront plus tard les mandarins.
On peut interpréter l’oeuvre de Confucius comme un art de gouverner. Mais dans le respect du Ciel, qui surplombe tout de façon impersonnelle, des Anciens, qui nous ont fait et que nous essayons d’imiter, des Supérieurs, qui, au moins de façon hypocrite, voire cynique, doivent respecter le Tao, le Ciel, les Anciens, les Rites…
Le mieux serait que ces Supérieurs, ces gouvernants, pratiquent la Vertu qui seule interprète à bon escient le Tao. On doit s’évertuer, mais ne nous faisons pas d’illusions, le règne de la Vertu n’est pas pour aujourd’hui.
La politesse apparente ne peut nous cacher l’échec de la Vertu. Le gouvernail est à reprendre encore et encore.
La vision de Confucius est morale, moralisante, hiérarchique. Elle est aussi pragmatique, réaliste. A leur base les sociétés humaines sont imprégnées de principes proches de ceux de Confucius.
L’opposition confucéenne entre les gens de bien et les gens de peu, à la fois sociale et éthique, n’est pas que chinoise. Voir les gens bien en France, les « decent persons » en Angleterre, etc…
Pour vertueux qu’on soit, il y aura des échecs, des mensonges, des illusions, des conflits. Il n’y a là aucune raison pour abandonner le combat.