Au pied du pic du Brûle-Encens
J’installe ma chaumière
J’écris ce poème sur le roc
Là où brillent des cailloux d’une blancheur éclatante
Dans l’eau limpide qui coule en murmurant
Il y a là plusieurs dizaines de pins
Il y a là mille bambous
Les pins ouvrent leur ombrelle émeraude
Est beau le jade vert des bambous
Il est regrettable que personne n’habite là dessous
Singes et oiseaux parfois s’y réunissent
Vent et brume y passent la journée
Un ermite qui ne s’était jamais entiché de rien
Tomba en amour avec cet endroit
Cet ermite c’était moi
Je construis une chaumière sur du roc
Je taille dans une colline pour y créer un jardin de thé en terrasse
Une source coule devant la maison
Les lotus blancs poussent au pied du perron
Mon sentiment d’insouciance s’épanouit librement
Une gourde dans la main gauche
Ma cithare dans la main droite
Ma joie est à son comble quand je chante devant le ciel
J’étais à l’origine un homme sauvage
Je suis tombé par erreur dans le monde
Vieilli aujourd’hui je reviens dans ma montagne
Tel un oiseau fatigué dans sa forêt luxuriante
Tel un poisson assoiffé dans une source limpide
A part ici je n’ai nulle part où aller
Dans le monde des hommes les pièges sont innombrables