Hc 131

Je passe la nuit au temple de la Terre pure
Les coqs chantaient quand je suis parti
Il est déjà midi quand j’arrive au temple
Avant tout je dois manger
Pour la méditation on verra plus tard
Je ne dors jamais assez de toute ma vie
On balaie une chambre à la hâte
Y circule un vent frais
Quand je ferme la porte l’agitation cesse
Une mince volute de fumée monte d’un encens en spirale
Je me réveille je fais bouillir de l’eau de la source du rocher
Le thé aux bourgeons pourpres infuse
Nectar blanc et délicat
Après mon bain tombe la fraicheur du soir
On peut compter mes cheveux clairsemés grisonnants
Je chante à voix haute en franchissant le portail
La couleur crépusculaire descend sur le village
La lune pâle est à moitié cachée par la montagne
Les rondes feuilles de lotus rivalisent à renverser leur rosée
Je rencontre un vieil ami sur le pont de pierre
Toute la nuit nous devisons
Le lendemain matin nous nous rendons
A son ermitage sur la montagne
Un rocher lisse comme un miroir barre le chemin
Autrefois il reflétait des ours et des tigres
Aujourd’hui c’est des singes et des oiseaux
Décadence prospérité
A quoi bon se lamenter
Pendant des milliers de générations
Ou un bref instant ! *

* Visite à un maître