Un brave type affirma un jour :
« Qui peut voir le non-être comme sa petite tête
La vie comme son dos
La mort comme son cul
Qui sait que l’existence et la non-existence
Forment un seul corps
Celui-là peut être notre ami »
Un autre gars tomba malade :
« Mon dos est si courbé
Que mes intestins traînent au dessus de moi
Mon menton farfouille dans mon nombril
Mes épaules s’arquent au-dessus de ma tête »
Cependant cet autre gars paraissait paisible :
« Si mon bras gauche devient un coq
Je pourrai annoncer l’aurore
Si mon bras droit devient une arbalète
Je pourrai tirer le canard
Si mes fesses se changent en roues
Je pourrai grimper sur moi-même
Pour m’emmener faire un tour
J’ai reçu la vie le temps venu
Je la rendrai quand le moment viendra
Quiconque comprend l’ordre des choses
C’est à dire que tout a lieu au bon moment
Sera indifférent à la joie comme à la peine
Depuis toujours quand on se querelle
Avec la réalité on perd
Voilà pourquoi je ne me plains pas »