Toi amour aveugle fou qu’infliges-tu à mes yeux
Pour qu’ils contemplent et ne voient pas ce qu’ils voient ?
Ils savent ce que la beauté est, voient où elle repose,
Pendant que le mieux est de prendre le pire à venir.
Si les yeux corrompus par des regards plus que partiaux
Sont ancrés dans la baie où tous les hommes voyagent,
Pourquoi la fausseté des yeux a-t-elle forgé des crochets
Auxquels est lié le jugement de mon coeur ?
Pourquoi mon coeur devrait-il penser à un complot
Que mon coeur connait comme la place commune de notre vaste monde ?
Ou mes yeux, voyant cela, disent que cela n’existe pas
De mettre une belle vérité sur si bête un visage ?
Dans les choses juste vraies mon coeur et mes yeux ont erré,
Et à cette fausse peste ils sont maintenant transférés.*
* Inutile d’insister sur l’étrange modernité du langage d’un auteur né au XVI° siècle…