Dans la nuit claire
Un bois ne s’endormait guère
A l’heure où s’endorment les bois
Dans la nuit violette
Une comète se plaignait presque
Que ses cheveux soient les plus longs
De leur côté deux saules prétendaient
Que les leurs étaient les plus émouvants
Toujours frémissants
Un chardon bleu jugeait que les siens sont les plus drôles
Un artichaut que les siens sont assez tendres
Pour qu’il les porte dans son coeur
Une meule : « Je ne suis toute entière que cheveux d’or »
Un aspic : « Les cheveux de Cléopâtre étaient si noirs
Qu’ils faisaient peur à ses seins eux-mêmes »
Un coquillage : « Tout cela m’évoque la torsade
De Vénus sortant de la mer »
Chacun voulait apporter sa pièce au dossier
A la fin devant l’aurore
Le rossignol et l’alouette ont joint pour une fois
Leurs voix : « Selon la légende les plus beaux cheveux
Sont ceux de Juliette sur l’épaule de son Roméo »