Si j’avais l’éloquence d’Orphée
Si les rochers me suivaient à la voix
Si mes mots ensorcelaient
Mais mes pleurs sont ma seule science
Laisse moi le temps où le soleil est doux
Ne me force pas descendre sous terre
Je t’ai nommé la première, père
Tu me disais : » Te verrai-je ma fille
Dans la maison de ton époux bienheureux
Goûter le vert bonheur conforme à notre famille ? »
Tu as oublié tes mots tendres puisque tu veux ma mort
Ma mère souffre d’une douleur plus noire
Qu’au moment de m’enfanter
Laisse-moi cet instant à porter aux défunts
Petit frère supplie notre père
De ne pas immoler ta grande soeur
O père prends pitié de mes jours si tragiques !
Un simple mot sera plus beau qu’un long discours
Rien n’est plus doux que de contempler le jour
La plus belle mort cède à la pire vie
Les dieux que nous nommons maîtres de sagesse
Ne sont pas moins trompeurs que les songes ailés
Le désordre est grand dans les choses célestes
Comme dans celles de l’humanité