Faust seul :
Sublime esprit tu m’as tout donné tout Tu m’as livré la nature et la force d’en jouir Dans la tempête tu me conduis dans l’asile d’une caverne Tu me révèles à moi-même et je découvre des merveilles Je vois errer les ombres du temps passé
O L’homme ne possédera jamais rien de parfait Le compagnon que tu m’as donné me rabaisse plonge dans le néant tous tes présents Aujourd’hui je passe du désir à la jouissance et dans la jouissance je regrette le désir
Méphistophélès entre :
Qu’as-tu à te nicher comme un hibou dans une fente de rocher ? Plaisir de crapaud ! Tu te mens à toi-même
F : Tu me déranges
M : Dépouiller tout ce qu’on a d’humain…
F : Fi !
M : Ta bien-aimée pleure, chante, pleure à nouveau… Le temps est désespérément long Elle est gaie, le plus souvent elle est triste Elle aime toujours !
F : Je suis le fugitif l’exilé Elle aurait passé sa vie dans son petit monde domestique Et moi j’anéantis la paix de son âme Démon ! Qu’elle tombe avec moi dans l’abîme
M : Comme cela bouillonne ! Pas d’issue devient pas de fin Vive celui qui garde son courage ! Tu es déjà endiablé je ne trouve rien de plus ridicule qu’un diable qui se désespère