L’hiver quitte le ciel avec le vent
Le printemps s’avance opulent et sourit
L’herbe recouvre l’ancien sol assombri
L’arbre bourgeonne Il vit sous la feuille nouvelle
Le pré se mouille Il rit de la rosée de l’aurore
Les roses au soleil ouvrent leurs corolles
Le berger sur le mont joue d’une flûte allègre
La chèvre blanche bondit devant le chevrier
Le matelot déjà sur les vagues de la mer
Offre sa voile ouverte aux brises plaisantes
Le vigneron déjà couronné de guirlandes
Fête le dieu du vin dans les fleurs de sa vigne
L’abeille née du taureau s’ingénie au travail
Magnifique en sa ruche acharnée
Crée la cire en rayons assemblée
Les vols d’oiseaux lancent partout leurs chants
Ils crient comme la mouette sur les flots marins
Et l’hirondelle à nos toits
Le cygne sur le lac et le rossignol dans le bois
Si le pré fleurit si l’arbre est feuillu
Si la flûte chantante divertit le berger
Si la joie s’abrite dans les beaux troupeaux
Si le marin navigue si le vin fait danser
L’abeille fait son miel l’oiseau chante son chant
A son tour le poète ne peut pas
Ne pas chanter le printemps
Passant sois sans crainte Chez les morts les plus saints
Un calme vieillard dort de son dernier sommeil
C’est Méléagre
Il a chanté l’amour aux larmes bienheureuses
Il a su joindre la muse et la grâce rieuse
Il fut un homme que bénissent les dieux
Une ville sainte a vu naître ses jours
Et Kos l’île sacrée l’accueillit vieillard
Tous te saluent en syrien en phénicien en grec
Reçois le salut que te rendra ton ombre
Que ne t’étonne pas ma naissance syrienne
Le monde O étranger est la patrie humaine
Tous les hommes sont nés d’un seul désordre
C’est ce que j’ai gravé chargé de tant d’années
Sur la table située devant ma future tombe
Si proche de la vieillesse on est près du néant
Mais va ! Je suis vieux et je deviens bavard
Laisse-moi ton salut afin qu’un jour
Toi le passant tu jases comme un vieillard