Ouverture de l’Iliade
Déesse chante la colère d’Achille … La détestable colère
Celle qui a valu aux Grecs des souffrances incalculables
Celle qui a jeté tant de héros d’âmes nobles à la mort
Qui a jeté en pâture leurs corps aux chiens
Et à la foule des oiseaux…
De même que de nombreuses tribus d’abeilles
Se pressent en vagues renouvelées
Sortent d’une roche creuse
Forment une grappe volante au dessus des fleurs du printemps
Ici et là dans le même temps d’autres planent
De même des tribus humaines sans nombre…
Se massent à l’avant du rivage incliné
Pour participer à l’assemblée
Devant les Troyens les Grecs chevelus…
Se sont installés dans la plaine
Et de même que les chevriers qui mènent de vastes troupeaux
N’ont aucun mal à reformer le leur
Lorsqu’ils se sont mélangés en pâturant
De même les chefs d’ici et de là
N’ont pas de peine à mettre les hommes en rang
Hector sourit et regarde silencieux son fils
Andromaque pleure…
Elle lui prend la main…
Pauvre fou, ton ardeur te perdra
N’as-tu donc aucune pitié pour ton enfant si petit
Ni pour moi qui demain serai veuve et privée de toi ?
Les Grecs vont se jeter en masse contre toi
Ils vont bientôt te tuer et je ne t’aurai plus !….
J’ai déjà perdu mon père et ma mère adorés
Autant qu’un jeune amant tu es aussi mon frère…
Le grand Hector au casque étincelant répond :
« …. C’est pour toi que je m’angoisse
C’est pour le jour où quelque Grec
A la cuirasse de bronze
T’emmènera pleurante ….Ah ! que je meure plutôt
Que la terre soit répandue sur moi
Avant que j’entende tes cris et que je te voie traînée au servage ! »…
L’illustre Hector retira son casque
Le déposa sur le sol éblouissant encore
Puis il prit son fils dans ses bras l’embrassa le berça :
« Zeus et vous les dieux permettez qu’un jour
Cet enfant qui est le mien sera respecté entre tous
Comme je l’ai été entre les Troyens »….