TT 194

… Les femmes avaient pris le linge sur le char et l’avaient porté à bout de bras dans l’eau noire
Elles le foulaient dans un creux du rivage à force de battoir
On lava on rinça tout le linge sale
Et sur le bord de mer on l’étendit en ligne
Où le flot parfois battait la rive et lavait le gravier…

La fille du roi lança la balle à l’une de ses servantes
Mais elle manqua la servante et la balla tomba dans un tourbillon profond
Les filles poussèrent les hauts cris et le divin Ulysse s’éveilla
Ne sachant que faire en sa pensée ni en son coeur il se dressa
« Hélas ! En quel pays chez quels mortels me voilà revenu ?
Suis-je parvenu chez des hommes sauvages des hommes injustes et féroces ?
Ou chez des gens qui respectent les dieux et qui aiment leurs hôtes ?
Ce que j’entends est-ce de fraiches voix de filles ?
Ou est-ce des nymphes vivant à la cime des monts
A la source des fleuves dans les herbes des vallons ?
Suis-je arrivé enfin chez des hommes qui se parlent ?
Mais allons ! Il me faut tâcher de voir les choses de mes yeux ! »
Ainsi le divin Ulysse se parla à lui-même et il émergea des broussailles
Dans l’épaisse verdure sa forte main cassa un rameau couvert de feuillage
Afin qu’il voilât sa virilité
Il sortit comme un lion des bois confié à sa propre force
S’en va à travers la pluie et le vent les yeux remplis de feu
Se jette sur les moutons et les boeufs
Court forcer les daims sauvages
Son ventre lui ordonne d’attraper les troupeaux
Jusque dans la ferme aux bonnes murailles
De même s’avançait Ulysse au milieu des filles bien coiffées