Ry 32

La mousse est verte très verte sur le perron en pierre
Le vent est parfumé par les arbres surtout les cèdres et les pins
Les arbres sont des amis
Je ne supporte pas qu’on leur fasse du mal
Le cas est pourtant fréquent
Après la pluie l’éclaircie débute
j’appelle un enfant pour qu’il me fasse une course
Je n’ose plus sortir même avec ma canne
Une fois que je suis ivre j’écris ces lignes

Jour après jour jour après jour jour après jour
J’accompagne les enfants je suis oisif
J’ai une belle balle dans ma poche
J’en cache une dans ma manche
Inutile mais repu mais ivre
Le printemps est serein

Depuis que j’ai quitté l’auberge
Allègre insouciant
Ma vie s’est écoulée sans gagner en importance
Ma canne noire m’accompagne tout le temps
Ma vieille veste ressemble de la fumée
La nuit que fais-je ? Vous le savez bien
Dans ma hutte à la fenêtre obscure j’écoute la pluie
La pluie n’est pas un bruit c’est de la musique
C’est la musique comme la houle en mer
Ou le vent dans les branchages
Dans le printemps aux cent fleurs
Je joue à la balle dans les allées du Parc
Un passant m’interpelle je réponds :
« Je suis oisif à une époque de paix »