Ry 33

Par une belle matinée je marche d’un pas allègre
J’ai remonté mon pantalon
Je marche le long de la rive
Les peupliers ne me disent rien
J’aperçois un vieux bol je l’extrais avec ma canne
D’un bosquet de bambous
Je descends à la rivière pour le laver dans l’onde limpide
Avez-vous remarqué que toute onde est liquide ?
Nous vivons dans un drôle de monde
Quant au bol j’y brûle de l’encens
Puis je le remplis de bon riz
Enfin j’y accommode une bouillie pour le repas du soir
Sa décoration est abîmée
J’en suis sûr il est de noble origine

Le vent de printemps s’adoucit peu à peu
J’ai mis une clochette à ma canne
Je la fais tinter à mon entrée en ville
Un beau parc Les saules sont verts si verts
Les lentilles d’eau flottant sur le petit lac
Comme des millions de gens je me nourris de riz
J’ai renoncé à la gloire Je préfère le riz

Je suis têtu je suis idiot je sais je sais
Pour ce qui est d’être têtu et idiot
Je suis sans égal
Herbes et arbres sont mes voisins
Mes seuls voisins avec beaucoup d’autres
je suis trop paresseux pour m’interroger
Sur la différence entre illusion et illumination
Je ris de moi-même
De mon vieux corps usé
Le pantalon remonté les mollets découverts
Je traverse la rivière
Je porte un havresac le mien
Si je vis ainsi c’est que cette vie me contente
Elle me satisfait
Je n’agis pas par aversion
Pour votre monde de poussière