Regardant en arrière quelques quatre-vingts ans
je constate avec une mélancolie mêlée de fierté
Peut-être même d’orgueil
Que j’ai dépassé le vrai et le faux du monde des humains
Dans la profonde nuit les traces de mes allées et venues ont disparu sous la neige
Sous la vieille fenêtre de ma vieille maison
L’encens brûle
Je retrouve mon frère cadet je ne l’ai pas vu depuis longtemps
Il est bien brave à sa manière
Tous deux nous sommes blancs à notre façon
Ce qui me frappe c’est les sourcils
Nous nous félicitons de vivre en temps de paix
D’être en paix nous-mêmes
Nous finissons ivres comme des fous
L’hiver est sombre plus sombre que d’habitude
La pluie verglaçante tombe drue
Une seule couleur domine les mille montagnes
Sur les sentiers les passants sont rares
Mes rêves d’autrefois sont maintenant des rêves
Ils étaient des voyages
La porte de ma hutte est bien fermée
Une bûche brûle la nuit longue
Paisiblement je lis des poèmes antiques