Des pensées moroses m’assaillent tout soudain
Je regarde de tous côtés je ne vois que pins et cyprès
En dessous foisonnent les buissons épineux
Un oiseau gémit sans cesse il n’est pas blessé
C’est juste son style depuis l’antiquité
Il vole et court entre les troncs
Il picore des insectes il semble apprécier les fourmis
Il ne se rappelle pas sa gloire impériale
Je songe à l’ordre insaisissable de la vie
Notre cour a cinq pêchers L’un d’eux fleurit avant les autres
Puis s’évanouit
Chez les voisins une épouse éplorée :
« Tu ne m’avais pas prévenue d’une aussi longue absence
Tout ici devient poussière
Le clair miroir s’est obscurci
Mes cheveux ressemblent à de l’herbe folle
La vie ne comble pas nos voeux »
Quand jolie jeune fille je t’ai rencontré
J’étais sûre à l’avance de te plaire
Pour le mariage je me suis juré :
« Nous nous sommes unis
Afin que la vie et la mort
Le meilleur et le pire
Jamais ne nous séparent »
Mes jolies couleurs ont fané
Je ne te vois plus jamais
Je te renvoie la broche en or et l’épingle en écaille
Je ne peux plus voir ces objets