APC 55

Il est une fille pure au beau visage
Elle voit tomber les fleurs
Les visages changent
Qui vivra l’an prochain ?
La fille a vu des pins des cyprès réduits au chauffage
Elle a ouï dire que les champs de muriers
Se sont changés en mers
Nos anciens ont disparu à jamais
A notre tour nous affrontons la bise
Qui fane les fleurs
D’année en année semblables sont les fleurs
Différents sont les humains
Aux visages roses je m’adresse en priorité
Pitié pour le vieillard aux cheveux blancs
Il est à moitié mort à moitié vivant
Il fut jadis un jeune homme au teint vif
Il aimait les riches terrasses des mandarins
Tendues de brocart et de soieries
Les salons ornés de dieux et de génies
Un matin il s’est couché pour ne pas se relever
En un moment les cheveux gris s’embrouillent
Voyez ce parterre où l’on dansait où l’on chantait
Au crépuscule on n’y entend plus que la tristesse des oiseaux