APC 69 Fin de Li Po

La vie est un songe
C’est la gâcher que se donner du mal
Je demeure effondré par le vin au pilier de la porte
Je demande la saison à l’oiseau vagabond
Il me répond en chantant le printemps parmi les fleurs odorantes
Je suis tellement ému que j’en soupire
Je me verse à nouveau du vin
Je chante à voix haute
Ma chanson est finie
J’ai tout oublié

Avez-vous remarqué que l’émeraude des pics touche le ciel ?
Vous vivez librement oubliant le défilé des années
J’écarte les nuées Je cherche l’antique route
Je m’appuie aux arbres pour écouter les sources
Les boeufs noirs sont couchés dans la tiédeur des fleurs
Les grues s’endorment en haut des pins
Tandis que nous parlions le crépuscule est tombé sur le fleuve
Je redescends seul dans le froid et la brume

Un aboi de chien se perd dans le bruit de l’eau
La fleur de pêcher rougeoie après la pluie
Au profond de la forêt on voie parfois un cerf
Nous sommes prés du torrent à midi, pas de son de cloche
Les bambous sauvages percent l’épais brouillard
La cascade s’élance du sommet d’émeraude
Nul n’a pu me dire où l’ermite s’en est allé
Triste je me suis appuyé à deux ou trois pins