Il nous arrive un homme bien quelconque
En habit de toile et non de soie
Plus il vieillit plus il est con
Il fut assez sot pour gagner sa vie
A imiter les ministres
Rien n’a abouti
Il plaint le peuple aux cheveux noirs
Il fait rire ses vieux compagnons
Il rêve de flâner par mers et fleuves
Il ne peut quitter les princes et les ministres
Rien ne manque au temple impérial
Les tournesols s’inclinent vers le soleil
C’est leur nature impossible à changer
Avez-vous observé la tribu des fourmis ?
Elles n’imitent pas la baleine
Il ordonne sa vie il demande de l’aide
Il se résigne enfin à la poussière
Il ne renonce pas à son devoir
Il ne sera jamais ermite
Il chante pour casser la tristesse
Toutes les plantes meurent Le vent est furieux
Le ciel est dans une ombre épaisse
Un voyageur au milieu de la nuit
Est pris dans le givre impitoyable
Ses doigts sont tout raides
Les vapeurs s’élèvent de l’étang
Les gardes impériaux sont au coude à coude
La soie dans le palais rouge a été tissée
Par des femmes misérables
Leurs maris ont été fouettés
Pour leur extorquer le tribut
Les lettrés encombrent la cour
Tremblent ceux qui gardent le sens de l’humain !
Les déesses sont à l’intérieur
Dans un brouillard parfumé
Flûte plaintive et cithare limpide dialoguent pour la galerie
Derrière les portes de pourpre pourrissent viande et vin
Dans les rues gisent les os des morts de froid
Si peu de distance entre l’arbre en fleurs et l’arbre mort
La déception m’arrête !
Sur la rivière le bac a de nouveau changé de place
Les torrents sont torrentueux
Le pays s’escarpe et se dénude
Le pont n’est pas encore emporté
Les voyageurs en s’entraidant rampent avec peine
Ma vieille épouse est établie au loin
Là-bas ensemble nous aurions faim et soif
Mon plus jeune fils serait mort de faim
Je n’imaginais pas une telle détresse
J’ai toujours été exempté des impôts
Je n’ai jamais été sur les registres de l’armée
Combien plus dur est le sort des gens du peuple !