Un empereur Han a rêvé longtemps d’une beauté à ruiner un trône
Dans un gynécée une jeune vierge était de tous ignorée
Un beau jour elle approcha enfin du souverain
Elle sourit Une éclosion de charmes
Telle que sous les fards et les khôls nulle autre dans les harems ne fut plus longtemps sa rivale
Une source chaude au flot caressant lustra ses blancheurs onctueuses
Cheveux en nuée visage en fleur elle eut droit au prince
Pour de trop brèves nuits d’amour
Dès lors le souverain s’abstint de l’audience matinale
Sur trois mille femmes dans le harem
Une seule désormais était reconnue comme telle
Elle dansait de lentes pavanes sous le tendre regard du souverain
Les légions s’arrêtèrent
Frèle victime résignée la belle mourut au milieu des chevaux
L’empereur se voila la face
Il revint sur place dans la glaise et le sable
Sans reconnaître l’endroit où trépassa la belle au visage de jade
Au palais tout est comme naguère et fait penser à la belle
Un abîme infini sépare la morte du vivant
Son âme ne visite pas le prince dans ses rêves
Un nécromant fut chargé de la retrouver
Fendant la nue et chevauchant l’éther
Il apprend qu’est sur mer une montagne merveilleuse
Au milieu des déserts secrets de l’insondable
L’âme surprise dans un rêve se lève
Ses voiles rassemblés, encor toute hésitante,
Comme un rameau de printemps perlé de pluie,
Son visage sa voix se perdent dans le vague
Dans les cieux ou chez les hommes
« Un jour nous nous reverrons
Faisons le voeu au ciel d’être des oiseaux inséparables
Sur terre de former le couple végétal qu’unit un seul feuillage »
Ce souhait est intarissable