APC 89

Chanson de la femme fidèle
J’avais un époux
J’ai cousu deux perles sur ma blouse de soie rouge
Mon époux est hallebardier au palais
Votre dessein est pur
Mais j’ai juré d’être au service de mon mari
A la vie à la mort
Je vous rends les perles brillantes
Deux larmes les accompagnent
Que ne vous ai-je connu quand j’étais sans mari ?

*

La nouvelle mariée entre dans la cuisine
Elle se lave les mains puis prépare la soupe
Comme elle ignore les goûts de sa belle-mère
Elle prie sa belle-soeur d’y goûter

*

On déplore les mots superficiels
Qui ne rendent pas compte
De la profondeur des sentiments
Tous les deux ce matin nous nous regardons
Nos coeurs ont mille replis

*

La coiffure compliquée du mandarin m’a longtemps ligoté
Je m’exile volontiers au sud chez les barbares
J’ai pour voisins des fermiers des jardiniers
Je suis l’hôte des montagnes
En labourant à l’aube je secoue la rosée
La nuit j’entends le torrent sur les rochers
Je vais et je viens sans croiser âme qui vive
Je chante dans l’azur