Dans le palais aux douze pavillons
De mon seigneur et maître
J’étais la préférée sur trois mille
Mais toujours fut triste le sort des concubines
Je n’ai pu servir jusqu’au bout
Je dansais à ses anniversaires
Je revêtais les habits qu’il m’avait offerts
Ma voix peut-elle aller au ciel ?
Mes larmes peuvent-ils aller au séjour des morts ?
Les morts me semble-il ne connaissent rien
La concubine s’est prise en pitié
Pas un souffle ne soulève les feuilles qui sont tombées
Dans la montagne déserte une seule fleur
Prodigue en vain son incarnat
Vous quittâtes le monde sans atteindre la vieillesse
Sans attendre votre tendre servante
On ne meurt qu’une fois
Comment pourrais-je supporter d’atteindre les cent ans ?
Je me tolère de moins en moins
Si les morts étaient conscients
Je me tuerais pour vous rejoindre
Là où jadis je chantais je dansais
Seuls des grillons frileux chantent dans la nuit