APC 97

Certains calligraphient des caractères
Beaux comme des femmes
J’en connais un qui joue au guerrier
Sur une de ses stèles très vieilles
Le trait ferme du pinceau semble fendre la pierre
On dirait un dragon surpris qui défie le tonnerre
Et recrache l’eau qui tombe du ciel
Un tigre furieux qui s’échappe
Narguant un millier d’arbalètes
Dans la mer des perles dans la montagne du jade
Sur une stèle la calligraphie

*

Un camaïeu de verts couvre la plaine et la vallée
Les arbres sont si profonds qu’on ne voit plus leurs fleurs
La brise et le soleil ne savent plus à qui prodiguer leurs caresses
Ils choisissent le chanvre et les mûriers

*

La brise n’est pas de force à tuer la chaleur
Le soleil se couche en volant au dessus de la montagne
Fleuves et mers se vident
Le ciel est sans pitié
Las, je ne peux transporter les hommes
Sur les hauteurs de fraîcheur
Ai-je le coeur de m’y rendre seul ?