APC 108

Transie la cigale se plaint
Une averse violente se termine à peine
Le bateau aux peintures d’orchidées appareille
Le voyage est lointain
Les coeurs épris souffrent de se quitter
Pendant l’année d’absence
Les jours sereins s’offriront en vain
A qui me confierais-je ?

Le cheval avançait lentement
Mon regard s’étendait aux quatre horizons
Le nuage qui passe ne laisse pas de trace
Où est naguère ? Où est jadis ?
Bientôt je n’aurai plus de compagnon de plaisir
Rien n’est plus comme au joli temps de ma jeunesse

*

Ton désespoir gagnait la pointe bleue de tes sourcils
Nous assumions nos regards impuissants
Lambeaux de pluie débris de nuages
Je me lasse du morne ennui soir et matin

*

Je t’attendais naguère au pont de parapet rouge
J’erre aujourd’hui seul sur le sentier jauni par les feuilles tombées
J’aperçois la ligne bleue des montagnes dans le brouillard
L’humain est semblable à un nuage qu’un coup de vent rabat
Son coeur est un chaton de saule collé à terre après l’orage

Mille feuilles frissonnent avant de tomber
La rosée se fige mais l’herbe fine verdoie toujours
L’azur des montagnes lointaines s’accuse
Une lune neuve paraît confuse et pâle
Mon coeur se consume, lourd de pensées secrètes
Au bord de l’eau déjà l’angoisse me prenait
Aujourd’hui tout est pis que j’erre au bout du ciel
La fleur de l’âge aisément se flétrit
Avant le pont bleu des rendez-vous
La longueur du chemin me fait perdre courage
Je soupire comme un vieux cheval qui hennit encore
Chacun de mes souvenirs me blesse furieusement
Mon esprit se glace
Du poing je frappe la clôture